Porteurs du projet: BOUKHALFI Mourad (contact : mouradboukhalfi3@gmail.com)
Et BESSOUL Amine (contact : amine.bessoul@hotmail.com),

• Date de début de projet*: Octobre 2018

• But du projet*: Création d'un dispositif visuel modifiant notre perception.

<fc #FF0000>Cahier des charges fonctionnel</fc>

<fc #FF0000>Descriptif du projet</fc>

Les Lunettes à vision inversée seraient, comme leur nom l'indique, une paire de lunette qui permettrait de voir le monde à l'envers. Ce serait un outil qui permettra d'altérer drastiquement nos sens.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces lunettes ne feront pas que modifier la perception d'un point de vue visuel, bien au contraire. Non seulement notre vision du monde qui nous entoure sera complètement changée, mais le rapport que l'on a avec celui-ci aussi sera tout autant altéré. La grande majorité des être humains entretiennent une relation avec leur monde basée sur la vision qu'ils ont de celui-ci. La majeur partie de la représentation que l'on se fait de lui est faite à travers la vision, à travers la manière dont on perçoit les choses, les objets, les personnes, en soit, la manière dont on les voit.

<fc #FF0000>Objectif</fc>

L'objectif de ce projet est de proposer un objet utilisable à travers lequel nous modifions la perception du monde qu'à l'utilisateur.

Nos perceptions des objets, du soi, des directions et de l'équilibre sera mis a rude épreuve lors du port de ces lunettes, ce qui est précisément l'objectif de ce projet : Modifier la perception que l'on a du monde extérieur en altérant nos sens, et voir/ressentir comment ceux-ci s'adaptent face à un tel chamboulement.

<fc #FF0000>Moyens</fc>

Afin de créer nos lunettes, nous devons nous intéresser a deux grandes parties : La monture, et le verre. Pour la monture, nous avons le choix entre utiliser une monture déjà en notre possession, et donc se focaliser sur le verre qui sera un peu compliqué à créer, ou partir sur la fabrication d'une monture par nos soins. Pour le moment, nous nous sommes plus focalisés sur le verre, nous déciderons donc de la monture plus tard.

Pour le verre, nous avons initialement pensé à un jeu de miroir qui pourrait inverser une certaine partie de notre vision. Cependant, il y a beaucoup de difficultés techniques avec cette disposition: Les miroirs doivent être bien fixes, ce qui s'avère difficile à faire. De plus ils seraient nombreux et encombrant, et ils couvriraient une grande partie du champ de vision de l'utilisateur, ce qui nuirait grandement à la cohérence et à l'immersion de l'expérience utilisateur.

Après plusieurs recherches, nous avons donc trouvé qu'il était possible d'arriver au résultat escompté en utilisant des prismes. Ils seraient fixés sur des verres transparents à indice de réfraction nulle. Pour le moment, nous pensons découper au laser une plaque en plexiglas transparent en forme de verres pour lunettes, et d'y incorporer les prismes.

<fc #FF0000>Avancement du projet</fc>

Tout d'abord, avant de nous lancer dans le projet, nous nous sommes posés la question suivante : Quel genre d'altération de la perception pourrait induire au plus gros choc pour notre cerveau ?

On a donc naturellement pensé au sens de la vue qui nous a semblé être l'un des sens les plus important (voir le plus important). Par cela, nous entendons que c'est le sens qui compte le plus à nos yeux, dont on voudrait le moins se séparer.

Mais alors, comment ferions nous pour altérer ce sens ? Après plusieurs heures de concertations, une idée renversante nous est venue : Et pourquoi pas renverser le monde !?

On a donc commencé par faire quelques recherches sur les expériences qui visaient à modifier/augmenter la vue à travers divers objets. Nous avons vus les recherches de Bach-y-Rita ou encore celle de J.Kennedy, qui nous ont beaucoup apprit au sujet de la perception, de la plasticité cérébrale et divers autres mécanismes.

Afin de “renverser le monde”, nous allons donc nous lancer dans la construction de lunettes a vision inverse : Les Reverse Vision Glasses. Nous allons nous servir des outils qui sont à notre disposition dans le FabLab, notamment :

• Découpeuse Laser
• Plaques de bois et plexiglas
• Imprimante 3D

Nous commençons par dessiner la monture de nos lunettes sur Inkscape, en essayant de créer des lunettes au Design moderne, soit de ne pas faire des lunettes rondes ou rectangles.

Le dessin sur Inkscape est plus compliqué que prévu, surtout que nous n'avons pas l'habitude de créer des objets à partir de rien. Il faut donc dessiner tous les contours, et essayer de garder une échelle raisonnable. Pour ce, nous prenons les mesure de lunettes à notre possession, et décidons de faire une monture de 15 centimètres en long, pour 5 centimètres en large.

Voici le premier prototype, dessiné sur Inkscape:

Et voici ce que cela donne une fois imprimé sur du bois de 3mm :

Après avoir conçu ce premier prototype, nous nous rendons compte de plusieurs problèmes avec ce dernier. Tout d'abord, la monture est trop fine, et donc beaucoup trop fragile. Il ne s'agit pas là d'un objet qui sera beaucoup manipulé, mais il faudrait tout de même qu'il soit un minimum résistant. Nous devons donc épaissir la monture.

De plus, les deux les deux réceptacles pour les deux bras de la montures sont trop vers l'extérieur. Nous décidons d'épaissir aussi la partie externe des lunettes, pour donner plus de rondeur et de volume aux lunettes, et surtout plus d'espace pour les deux trous. Enfin, nous avons omis un détail important lors de la conception de ce premier prototype : l'emplacement des prismes.

En effet, afin que nos lunettes à vision inversée fonctionnent, il est nécessaire de placer des prismes à angle droit en face des lunettes. De plus, ceux-ci doivent être placés de sorte à ce que l'hypothénus des prismes soit parallèle au sol. Il nous est donc impossible de simplement “ coller ” les prismes aux verres de la monture. Nous devons donc construire une petite plaque en bois qui permettrait de maintenir les prismes en face des verres.

Enfin, nous nous rendons compte que le creux destiné à se déposer sur le haut du nez est beaucoup trop étroit, ce qui est très désagréable lors du port des lunettes. Il faut donc agrandir ce dernier.

Ainsi, nous construisons un deuxième prototype avec du bois 3mm, mais cette fois ci plus épais, et en incorporant sur le bas deux trous pour maintenir la plaque qui maintiendra les prismes.

Ce prototype est déjà plus proche de ce que l'on voudrait atteindre. On procède donc à la découpe des verres en plexiglas afin d'avoir un rendu avec les verres. Cependant, du fait de la forme particulière des verres, et d'incértitudes sur les longueurs liées au logiciel, nous avons de nombreuses fois eu du mal à trouver la taille parfaite des verres pour les Lunettes. Comme par exemple ici, ou, malgré le fait que les verres soient de même taille, l'un rentre parfaitement tandis que l'autre est trop grand.

A ce moment là, deux problèmes majeurs subsistent :

1. La monture est toujours un peu trop fine. Elle est toujours un peu trop fragile. Nous déciderons par la suite de passer a du bois de 5mm, au lieu de 3mm en épaisseur. Cependant, nous laissons les bras des montures a 3mm, étant a 5mm beaucoup trop inconfortables.
2. Il faut pouvoir faire des verres qui rentreraient convenablement dans leurs place respective, en restant solidement en place.

Ainsi,nous passons donc a du bois de 5mm en épaisseur, et faisons plusieurs dessins de verres sur les plaques de plexiglas, pour pouvoir choisir entre plusieurs tailles en cas de soucis. Chose qui sera très utiles, car il faudra essayer plusieurs verres pour trouver les bons. De plus, on rétrécit un peut le creux au milieu, car nous l'avons au final beaucoup trop agrandi. Les lunettes ne pouvaient donc pas bien tenir sur le nez.

Et voici la petite plaque que nous poserons en guise de support pour les prismes. Nous nous sommes rendus compte qu'il fallait faire un trou au milieu afin de ne pas déranger l'utilisateur lors du port des lunettes, la plaque faisant collision avec le haut du nez.

Pour ce qui est du rendement visuel, nous décidons de laisser le bois à l'état brut. Ce choix est voulu car, pour nous, la forme brut de ces matières est la marque de fabrique du Fablab.

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à acheter les prismes, et les placer sur leur support. Toutefois, nous trouvons une grande difficulté quant à l'obtention de ces prismes. Nous avons tout d'abord pensé à chercher sur des sites tels que Amazon ou Cdiscount. Cependant, sur ce type de site, nous ne trouvons que des prismes à angle égaux, c'est à dire des prismes à angles de 60°.

Nous continuons nos recherches sur internet, mais nous avons beaucoup de mal à trouver des sites sécurisés vendant des prismes à angles droit. Nous demandons alors au Fablab ainsi qu'au département “ Optique ” de l'UPMC s'ils auraient de tels prismes en leur possession, ou s'il sauraient tout simplement où nous pourrions nous en procurer. Malheureusement, les réponses étaient négatives des deux côtés. Nous revenons donc à la case départ.

Nous décidons par la suite d'aller nous informer chez certains opticiens, et voir s'ils n'ont pas quelques pistes à nous fournir. Nous passons chez des dizaines d'opticiens, en vain. Aucun d'entre eux n'est capable de nous fournir un prisme, ou même de nous indiquer où en acheter.

Après quelques semaines de recherches, nous tombons sur le site 3BScientifc, une filiale de constructeur d'objets scientifiques ( dont des objets d'optique ) qui disposent d'un local à Mulhouse. Nous trouvons sur leur site un prisme à angle droit, en verre. Ce dernier coûte cependant 45€, sans compter les frais de transport. Nous tentons de trouver un autre fournisseur, qui pourrait peut-être nous donner un prix plus abordable, mais nous n'en trouvons pas. Nous décidons donc de prendre celui de 3BScientific, mais du fait du prix élevé de celui-ci, nous décidons de n'en prendre qu'un seul.

La livraison ce fait depuis Hambourg, en Allemagne, ce qui retarde grandement l'obtention de cet objet. Nous le recevons deux semaines après l'achat de ce dernier, et nous le testons immédiatement.

Voici le site d'achat du prisme : https://www.3bscientific.fr/prisme-a-angle-droit-verre-crown-30mm-x-50-mm-1002860-u14010-3b-scientific,p_639_1014.html

Il fonctionne parfaitement.

Ainsi, nous avons donc le rendu final du nos lunettes que voici.

Par ailleurs, lors du rendu de notre projet, nous avons demandé à certains étudiants, et à notre professeur principal, d'écrire leur prénom sur un tableau, en portant les Reverse Vision Glasses. Les résultats étaient plutôt satisfaisants. Voici une photo de certains prénoms écrits sur un tableau :

<fc #FF0000>Description de l'expérience vécue : </fc>

Lors du port des Reverse Vision Glasses, on est tout de suite déstabilisé par la façon dont laquelle on perçoit le monde. Il est tout de suite très difficile de faire une tâche quelconque. Il suffit de faire quelques pas pour se rendre compte que nous sont complètement désorientés. Des tâches simples et basiques, telles que toucher un objet que nous voyons, ou encore marcher, deviennent difficile à réaliser.

Lire, écrire, s'orienter, se déplacer, tout ceci devient alors difficilement réalisable. On se rend alors compte à quel point nous sommes habitués a percevoir le monde d'une certaines manière, et qu'il est difficile de changer ces habitudes. Ces dernières sont donc profondément ancrés dans notre manière de vivre en général. Ébranler ces habitudes revient donc à perturber l'équilibre de notre relation au monde.

Se déplacer : Se déplacer est devenu une chose tout à fait naturel pour l'homme. C'est une chose qui ne nécessite quasiment plus de concentration de notre part, tout le processus cognitif et moteur lié au déplacement est fait instinctivement et presque inconsciemment. Mais ceci n'est valable que grâce aux habitudes que nous avons prit, les habitudes liées a notre perception et à non sens. En portant les lunettes, une tâche qui, de base, est si naturelle, devient radicalement plus complexe. On se met alors à marcher très lentement, en sentant un fort déséquilibre. Marcher droit devient alors compliqué, et éviter un obstacle paraît presque impossible. Pour cela, un petit obstacle visible et donc on connait l'existence est difficile à éviter, étant complètement désorientés. On se met a utiliser nos mains afin de toucher l'objet en question, et de le contourner, ce qui est très intéressant. En effet, ne pouvant plus nous contenter de notre vue, on se met instinctivement à utiliser d'autres sens afin de se repérer et de s'orienter. Ici, on utilise le toucher afin de localiser l'objet par rapport a nous, et donc de pouvoir mieux aborder le rapport que nous avons à lui.

Lire : La lecture devient elle aussi beaucoup plus compliquée. Pour en prendre conscience, il suffit d'essayer de lire un livre à l'envers.

Jongler : Cette tâche est tout bonnement impossible à réaliser juste après le port des lunettes. Sans lunettes, nous sommes capable de jongler correctement avec au maximum 3 boules en même temps pendant une dizaine de secondes. Avec nos lunettes, il est si difficile de juger de la position et de la distance des objets que nous ne sommes pas capable de rattraper même une seule boule.

<fc #FF0000>Mise en relation avec le cours de Mr Lenay et Mr Declerck, ainsi que l'exposition «Illusions» : </fc>

La perception est la notion qui renvoie au fait que l'individu a connaissance du monde qui l'entoure grâce aux informations transmises par ses organes sensoriels. Toutes les informations fournies par nos sens sont traitées par le cerveau pour être ensuite stockées dans sa mémoire.

Le cerveau se fie aussi à son expérience pour préciser ce qu'il est entrain de percevoir : les dimensions, les longueurs, les couleurs etc. Il corrige les informations reçues par les sens par le biais de la mémoire. Certaines régions du cerveau se spécialisent dans la combinaison des informations fournies par tous nos sens ce qui permet une perception riche et intègre du monde.

Cependant la perception est souvent confondues avec une autre notion, celle de la sensation. Il est important de faire la différence entre ces deux notions. La sensation est comme sous entendu dans son appellation, ce que l’on perçoit via nos cinq différents sens : la vue, le toucher, l'ouïe, le goût et l'odorat.

Dans un premier temps, les informations sensorielles vont être transmises au cerveau via les nerfs puis, dans un second temps, l'individu va établir un jugement en fonction de cette sensation. Lors de ce semestre nous avons eu l'occasion d'assister à une exposition au palais de la découverte sur le thème « Illusion ».

L'exposition fût organisé en 4 grands thèmes ou « modules » qui représentaient les différents « type » de cerveau : le sensible, l'interprétatif, le sélectif, et le cerveau expert. Certains de ces modules nous ont fortement inspiré pour la réalisation de notre projet notamment le module expert qui est mis en évidences par deux dispositifs très proches du point de vue expérimental “Uri à l’envers” et “Le visage à l’envers”.

Le premier (1) consiste à essayer d’identifier parmi cinq visages mis à l’envers, celui correspondant à l’image à l’endroit, puis de retourner les cinq images pour vérifier si nous avions réussi. Nos tentatives personnelles ont montré qu’il était difficile de déterminer quelle était la bonne image correspondante. Ce dispositif a donc pour but de montrer que notre cerveau est doué pour identifier des visages, mais il semblerait qu’il soit moins bon en ce qui concerne des visages à l’envers. Ici, les visages se ressemblent mais sont différents (1). Cependant, lorsque l'image est à l'envers, on ne distingue plus les visages des uns des autres, et ils nous paraissent tous exactement identiques à la photo du bas.

Le second (2), très proche du premier du point de vue expérimental, consiste à mettre sur un visage en position normal des yeux et une bouche à l’envers. L’image étant placée à l’envers sur le dispositif, on ne constate aucun souci sur ce visage de premier abord. Ce n'est seulement qu'en lisant la consigne qui demande si les yeux et la bouche ont l’air normaux que l’on constate réellement les déformations de ce visage. Ce dispositif vient compléter les résultats obtenus précédemment, montrant qu’en cas d’altération de la vision, de la disposition d’un schéma bien ancré, le cerveau perd sa sensibilité.

<fc #FF0000>Cartels :</fc>